Mr Big? C'est quoi ça? Vous vous posez sans doute la question. Surnom déjà entendu dans Sex And The City (quoi je suis pas fan à ce point là), il définit un syndrome courant, mais non moins mal connu de notre époque. 

Replaçons la chose dans le contexte. 

Mr Big est le surnom que Carrie donne à John James Preston, l'homme qu'elle aime pendant plusieurs saisons, et avec qui elle vit une histoire d'amour à plusieurs tomes. Elle le surnomme ainsi pour "The Big Love". Tout au long de la série, le personnage n'est ainsi jamais nommé par son vrai prénom, synonyme donc de son indisponibilité émotionnelle. En effet, Mr Big n'est pas vraiment l'homme auquel on pense quand nous les filles, nous rêvons d'une histoire d'amour stable et sincère.

Il est plutôt celui "qui ne sait pas". Celui qui a peur d'aimer. Celui qui est indécis dans ses choix. Celui qui change d'avis comme de girouette. Pire, il est celui qui ne sait pas se positionner par rapport à vous. 

Femme de sa vie ou femme de sa nuit? Mr Big joue tour à tour sur les deux tableaux, et il en devient difficile de le cerner, tant il est sous l'influence du vent. 

Au delà de cette comparaison cinématographique, je suis convaincue que le syndrome Mr. Big touche pas mal de nos compères masculins en ces temps d'amour 2.0. Le syndrome provient en effet, d'une claustrophobie intense. La claustrophobie est la peur de se retrouver dans un espace clos. Chez le claustrophobe, la crainte de se retrouver coincé ou piégé dans un espace restreint provoque l'angoisse, la peur et la panique. Dès lors n'y a-t-il pas un phénomène d'extension psychologique symbolique de cette peur lorsque les hommes doivent s'engager? L'engagement sous entend un phénomène de permanence. Honorer un engagement signifie que l'on se trouve lié par une décision, une chose, une personne, pour longtemps... Que peut il exister de plus contraignant, de plus générateur de phobies? 

C'est en effet la manifestation première du syndrome Mr Big. Reprenons depuis le début. Ce n'est pas un méchant, vous en conviendrez. Il n'est ni pervers, ni complètement schizophrène. Il batifole simplement. Au départ, il peut passer pour un "mec exigeant". Qui sélectionne attentivement ses cibles, ne prend que celles qu'il estime dignes de lui. Lorsqu'il en trouve une, se déclenche chez lui le mécanisme du "voilà maintenant que je vibre à ses côtés, ça veut dire que je suis prêt". 

Erreur fatale. 

Les premiers temps sont idylliques. Convaincu qu'il est à l'aise dans cette relation, l'homme en question s'engagera pleinement. Cela peut prendre plusieurs formes évidemment, et la plus manifeste sera celle d'être jaloux. Mais au lieu d'allumer tous les voyants au rouge chez vous, ça va vous déclencher cette petite étincelle dans la pupille qui vous fera dire "oh c'est mignon". 

Eh bien non c'est pas mignon. Parce que c'est une réaction d'auto défense de la part du Big. Je suis convaincue que pour être jaloux, il faut être amoureux. Sauf que là ce n'est pas de l'amour, c'est de la possession. Il refuse que d'autres lui volent son jouet, sa poupée. Et si vous avez le malheur comme moi de vous entendre mieux avec les garçons que les filles, et d'être un minimum sociable, c'est là que le bât blesse. 

Big va vous voir comme une proie qu'il ne pourra jamais totalement apprivoiser. Pire, quand vous lui montrerez par A+B que vous êtes engagée pleinement avec lui, que vous ne cherchez que ses yeux dans la foule, cela va déclencher une réaction contraire. Il va se sentir enfermé, à l'étroit, carrément "pas à l'aise". S'engager pleinement avec vous, c'est faire face à ses incertitudes, ses craintes de vous perdre et ça il ne le supporte pas. Vient ensuite la fuite. 

Big est comme un enfant qui ne voudrait pas avoir mal quand il s'écorche le genou. Mais la femme n'est pas totalement innocente dans l'histoire. Face au tout qu'elle possédait, et au rien que l'homme lui laisse maintenant, plutôt que de refuser l'inacceptable, elle se blâme, se met en quatre pour réparer ce qu'elle n'a pas fait, elle surabonde de sollicitude et d'aveuglement, ce qui met l'homme en face de ce qu'il craint comme la peste : l'amour qui s'impose. 

"Du négoce entre l'homme qui a peur d'aimer et la femme qui aime trop, naissent les aberrations des cercles vicieux. Plus il rend la relation impossible, plus elle travaille l'abnégation et l'amour sans condition". 

S'ensuit une ou des périodes où vous vous contenterez de ce qu'il voudra bien vous donner. Vous refuserez tout le reste, convaincue qu'il y a que son affection qui compte pour vous. Vous vous oublierez, vous perdrez pied, droguée à une came portant le nom de "je donne et je reprends". 

Alors comment on s'en sort? 

Je ne sais pas, je n'ai pas la réponse. Là vous vous dites, super tout cet article pour nous dire qu'en fait elle sait pas... ça dépend de chacun je dirais. Certains vont avoir la force et le courage de dire non, de couper les ponts définitivement, d'autres non. Là où il faudra quelques heures à certains pour comprendre ce qui cloche, il faudra des mois et des années à d'autres pour s'en remettre. Parce que s'abandonner totalement en une personne, c'est destructeur. Mais au milieu de tout cet amour infini que l'on porte à l'autre, on oublie souvent l'essentiel. L'amour de soi. Parce que cette obsession d'aimer et d'être aimée est impossible à combler, elle provient souvent d'un manque d'amour envers soi même. Tout comme la peur d'aimer, le sentiment que la relation "ne vas jamais", provient d'un manque d'amour envers soi même. On projette ses exigences sur l'autre sans comprendre que l'on devrait en fait les appliquer à nous en premier. 

"C'est fini, va-t-en, arrête de m'écrire, je ne veux plus jamais entendre parler de toi...ah mais attends finalement ne pars pas". 

C'est la phrase qui peut résumer le mieux cette relation. On s'apprécie, on tient à l'autre, mais on souffre de cette vie qu'il nous fait subir, ou des choses qu'il nous oblige à regarder en face. Je pense que pour s'en sortir, il faut le vouloir dans un premier temps. C'est pas grave si c'est pas d'un coup, c'est pas grave si on craque parfois. Le tout, c'est de se sevrer. D'arrêter d'être dépendant de ce que l'autre veut bien nous donner. D'arrêter d'attendre que le miracle arrive. 

Même si pour Carrie et Mr Big il y a eu "happy ending", on ne sait jamais de quoi la vie sera faite. Le principal, pour affronter ce syndrome c'est d'être en paix avec soi même. C'est s'aimer assez pour se protéger.

C'est se prendre par la main et se dire, viens il y a autre chose plus loin. 

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