Que s'est-il passé ?

Dans quelques jours sera célébré l'avènement d'une nouvelle année et sonnera l'heure du bilan. Alors que je saignais du nez, je me suis mise à penser. Où étais-je il y a un an ? Dans quel état d'esprit ? Qui étais-je ?

Alors je me demande... que s'est-il passé ?

2015 avait été l'année des bouleversements. J'avais quitté mon premier amour, traversé la France pour vivre dans le Sud, je m'étais promis de vivre chaque émotion le plus fort possible. J'étais ambitieuse et pleine de certitudes.

2015, on a subi deux attentats rien qu'en France. Chacun cachait sous un sourire la peur coupable d'être victime demain, et chacun nourrissais l'espoir qu'en serait rapidement venu à bout. 

Nous voici donc à l'aube de 2016. Pleine d'espoir, j"étais tombée amoureuse et je devais aller mieux. Cette année devait être plus paisible, consécration des grands changements de l'année écoulée. Nous devions simplement avancer.

Que s'est-il passé ?

Au jour de l'an déjà, quelque chose d'étrange, quelque chose d'inhabituel. Un réveillon en trois partie. Boire à en perdre l'équilibre, rire à en mourir. Je me sentais bien, je me sentais chez moi. Germait alors l'envie de rentrer à la maison, retrouver mon Nord si chaleureux. 

Et puis lui, tout près de moi. Son regard hagard dans mes yeux flous. Sa main dans la mienne. Ses bras autour de mes épaules. Ses lèvres contre les miennes.

2016 a commencé par un baiser.

Que s'est-il passé ?

Que s'est-il passé pour qu'aujourd'hui l'espoir se soit tu ? Nous passons nos soirées à boire, jusqu'à l'ivresse à chaque fois, manière d'oublier la stupidité de ceux qui nous entourent. Nous méprisons les gens, nous en sommes rendu à envier leur bêtise : heureux les simples d'esprit. Pourquoi pas devenir des idiots ? Les mêmes endroits, les mêmes verres, les mêmes visages sans nom. La faim. La lassitude. Nous sommes passé en mode survie. Dans mon frigo des bières, dans mon estomac la même chose. Sourire chirurgical. Garder la face alors que dans le ventre, ça crie. 

Nos amis deviennent des cons, la liste se réduit. C'est inéluctable mais c'est lourd pour mes frêles épaules. Ils parlent, ils crachent leur venin. Pourtant, je suis droite dans mes baskets (parce que j'ai acheté des baskets). Je sais ce que j'ai fait, je sais ce que je vaux, je sais qui je veux être. Je n'ai pas honte. Mais ils parlent et ça rend fou. J'ai des envies incendiaires. Des envies d'en venir à bout. Impuissante, je m'en suis remise au karma et je prie tout mon être pour qu'ils soient punis. 

La dualité devient si nette. Bienveillance à outrance et haine à en vomir. C'est à cela qu'il faudra mettre un terme demain.

Aujourd'hui, je repense à ce baiser. J'essaye me souvenir les détails. Le gout sur mes lèvres, l'odeur sur mes vêtements, la chaleur sur mon corps, ces petites choses étranges dans mes tripes. J'essaye qu'il ne disparaisse pas.

Car ce baiser de 2016 en reste le meilleur souvenir. 

Aujourd'hui, je ne suis pas amoureuse. Je ne suis pas emplie d'un espoir enthousiaste. Je me moque bien de l'avenir : je veux simplement survivre à cette année.

Je veux seulement vivre. 

Alors demain, que va-il se passer ? J'ose à peine vous souhaiter le meilleur. Il ne reste que le plus simple. Nos proches, ceux que l'on aime, ceux à qui l'on doit donner le plus possible. Ceux dont il nous faut prendre grand soin. Ceux que l'on doit chérir. 

Il nous reste l'envie... pitié qu'il nous reste l'envie.

Aussi et par-dessus tout,, il nous reste des baisers. Alors voici ce que je vous souhaite :

Commencez 2017 par un baiser et surtout, faite qu'il n'en soit pas le meilleur souvenir.

Retour à l'accueil